Prix Ouest-France Etonnants Voyageurs
Elle s'appelle Daã. Née dans un couvent niché au coeur de la forêt boréale et construit par des femmes, elle grandit libre, loin du monde des hommes, parmi vingt-quatre religieuses. Elles règnent sur Cusoke, pays de roches et de glace où les codes sociaux sont réinventés. Enfant sauvage, Daã parle la langue d'Ina Maka, la Terre-Mère, dont elle apprend les cycles, les ordres et les lois.
Lui se prénomme Laure. Enfant albinos rejeté par les autres, fils d'ouvrier de la mine Khole Co, il voudrait se fondre parmi les visages noirs des mineurs. Mais après la mort de sa mère, son père lui rêve un destin meilleur que le sien, loin des galeries et de la misère assassine. Envoyé à la ville, il deviendra médecin malgré lui.
Tout oppose cette femme-forêt et ce garçon-translucide, deux marginaux qui aspirent, l'un à se faire accepter, l'autre à s'émanciper. Mais un jour leurs destins se croisent et l'amour les lie. Blanc Résine raconte leur histoire. Avec Laure, Daã ira vivre en ville, fera trois enfants. Mais jamais elle n'acceptera de se plier aux lois des hommes. Et cela a un prix.
Tout à la fois conte réaliste, drame romantique et fable féministe, Blanc Résine nous transporte dans un univers rude et troublant, au coeur de la nature, pour fouiller nos plus extrêmes sentiments : l'amour, le désir, la colère. Audrée Wilhelmy y déploie son lyrisme sauvage et son imaginaire avec une maturité et une maîtrise rares. Elle signe ainsi un livre inclassable, spectaculaire.
Dans un paysage de roches, de glace et d'eau, au sommet d'un phare longeant une plage désertique, Mie attend que son oncle vienne l'initier aux mystères du corps. Mais Osip l'ignore ; il préfère passer ses journées à scruter les bateaux qui arrivent du large et à observer la mère de Mie, cette étrangère que son frère a ramenée de la forêt et qui le fascine. Sauvage, énigmatique, elle vit à l'écart de la famille. Son chant seul perce parfois le roulis des vagues. C'est elle qu'Osip désire. Alors, en attendant que son oncle accepte de la rejoindre, Mie imagine : elle emprunte par la pensée le corps des bêtes qui l'entourent, là un ours, ici une grue, pour comprendre de quelle lignée elle est issue. Seule dans sa chambre, elle tâche de percer l'énigme de sa chair. Osip daignera-t-il venir la retrouver ?
Après un premier roman très remarqué, Les Sangs (Grasset, Prix Sade 2015), Audrée Wilhelmy nous plonge dans un univers fantasmagorique, à la lisière de la légende et du mythe. D'une langue puissante, envoûtante, elle explore la part animale que chacun porte en soi.
Un manoir obscur et fascinant, dans une cité hors du temps. Celui qu'on appelle l'Ogre attire à lui des proies presque consentantes pour les aimer puis les tuer. Mais d'où viennent ces femmes ? Pourquoi se donnent-elles à lui ? Elles le racontent dans les carnets qu'elles laissent derrière elles et que Féléor assemble en un curieux livre - ses Sangs.
Mercredi, Constance, Abigaëlle, Frida, Phélie, Lottä, Marie : sept femmes, et autant d'expériences du désir et de la mort, sept écritures qui disent la féminité, le narcissisme, la soumission tantôt feinte, tantôt amusée.
Polyphonique et amorale, poétique et sulfureuse, cette réinterprétation virtuose du conte de Barbe bleue, par Audrée Wilhelmy, n'est pas pour les enfants.
Avec une force d'écriture décuplée, emportée par des furies animales qui la font replonger dans l'univers cru d'Oss - où s'était révélée l'unicité de son imaginaire -, Audrée Wilhelmy livre un conte de pleine maturité dont les filets érotiques et les parfums iodés ensorcellent. Noé, dite la Petite, mène à corps perdu cette amorale histoire de trinité masculine - de père, de fils et d'ours. Personnage initiatique par qui les autres s'accomplissent, elle fait ici la rencontre d'Emessie fils, un vendeur de bonbons ambulant qui traverse chaque année le continent du nord au sud derrière le cul de sa jument.
Un conte atemporel et amoral où les sorcières et les loups ne sont pas toujours là où on les attend.
Ana est en fuite. En fuite de l'oppression. Le train à bord duquel elle s'évade la mène vers l'inconnu et vers la femme qu'elle deviendra.
Pour son numéro d'automne, Lettres québécoises a de nouveau confié la réalisation des photographies de l'auteur à la une à Sandra Lachance qui a immortalisé Audrée Wilhemy. En plus d'une critique de son plus récent roman Le corps des bêtes et un riche portrait de l'auteure à qui l'on doit aussi Oss et Les sangs, Lettres québécoises propose un dossier sur le renouveau des librairies indépendantes. Chantal Guy y donne la parole à une nouvelle génération de libraires optimistes et dévoués. Retrouvez aussi au sommaire de nombreuses critiques d'ouvrages et une bande dessinée de Jeunauteur en plus de la section « Création » inaugurée le printemps dernier. Dans cette dernière, lisez une nouvelle de Chloé Savoie-Bernard, un poème de Marie-Andrée Gill et une lecture illustrée par Michel Hellman.