Six personnages viennent déposer devant un interlocuteur silencieux qu'ils appellent « Votre Hauteur » : Solange Lasserre la concierge, Camille Bonnavent l'ami de jeunesse, Maurice Forbin l'impresario, Odile Dhue la fille, Henri Nicolet l'homme d'affaires et Xenia Concessio la femme. Ils évoquent Cormier, un grand musicien retiré du monde dans une ville au bord d'un lac. Tour à tour, sans réticence et sur le ton de la conversation, ils racontent Cormier au hasard de leurs souvenirs. Au fil des auditions, le portrait de l'absent se dessine. Par petites touches, sa silhouette apparaît toujours plus précise aux yeux de « Votre Hauteur ». Aux yeux du lecteur.
La publication de l'Archipel du Goulag en Occident lors de la dernière décennie n'a pas eu pour effet d'ouvrir les portes des camps soviétiques. En revanche, elle a opéré une brèche définitive dans le mur de silence derrière lequel la gauche non communiste s'était enfermée. Ce silence imposé, cet interdit général, constituait un camp de concentration mental, enfermant les esprits, aliénant les consciences ; un goulag sans barreaux ni bureaux ni bourreaux, un goulag mou : le moulag. Sortir du moulag n'est pas seulement porter le regard sur la réalité concentrationnaire de type soviétique. C'est aller bien au-delà en remettant fondamentalement en cause le socialisme réel et l'idéologie dont il se réclame et s'autorise : le léninisme, mais aussi le marxisme. C'est enfin étendre cette démarche à tous les modes de pensée, d'action et d'expression qui ont engendré ce que l'on peut appeler le "conformisme de gauche". Un tel aggiornamento, entrepris par certains dans les années 70, est loin d'être achevé : les adhérences du moulag dans l'inconscient de la gauche non communiste sont multiples et tenaces. La venue en France d'un pouvoir socialiste allié au parti communiste fournit, à cet égard, un incomparable terrain d'observation, de recherche et d'analyse, en grandeur réelle, de tout ce qui, dans l'actualité de la gauche dirigeante, peut ressortir au syndrome du moulag. Tel est le propos de ce livre, rédigé à la première personne sous la forme d'une "conversation de nuit".
Jean Dulac a huit ans quand il débarque avec sa famille dans un immeuble des boulevards circulaires à Paris. C'est l'année de la mort de Staline et du couronnement de la reine d'Angleterre. Les Dulac viennent de passer trois ans à Singapour où Lou, le père de Dulac, était l'attaché naval français auprès du gouverneur britannique. Une maison blanche au milieu des fleurs, avec cuisinier, chauffeur, femme de chambre, amah chinoise. Les enfants jouent au docteur et les adultes au tennis.
À Paris, Dulac est dépaysé. Persuadé qu'il y avait un roi de France, il baragouine le français avec l'accent anglais. On l'inscrit dans un cours privé où les pères de ses copains sont comte, marquis, duc, prince et même maharadjah. Dulac est particulièrement indiscret. Il vit à l'affût des mystères de la planète Dulac. Il se poste à la porte derrière laquelle sa mère et quelques habitués fument l'opium. Peu à peu, Dulac découvre la face cachée des Dulac.
Au fil du temps, des nuages apparaissent. La famille a du mal à joindre les deux bouts et à préserver un bonheur qui s'effrite. Jean persiste à lorgner la coulisse des adultes à ses risques et périls, au fil des parties de chasse ou des soirées d'opium. Refusé en sixième, envoyé chez une psychologue, il passe ses vacances chez des aristocrates, dans un château à la campagne. À l'automne, Lou se montre de plus en plus silencieux. Un deux janvier au matin, il se tue dans la cave de l'immeuble. Jean Dulac a passé onze ans avec Lou.
Où l'on fait connaissance d'une jeune femme belle et intrépide nommée Roum et des deux hommes qu'elle enflamme, Sol et son frère Rameau. Où l'on découvre que la grand-mère de ces derniers, dite la Mandarine, entretient dans sa chambre le souvenir du troisième frère, Lost, disparu dans l'île de S. Où, en peu de chapitres, on apprend comment Roum, maîtresse de Sol, inaugure avec Rameau une amitié élective ; pourquoi ce dernier l'invite à venir photographier des galaxies dans son observatoire ; par quels travers l'amour s'engage sur des pentes dangereuses entre enfer et paradis ; de quelle manière Roum prouve qu'elle ose plus que son amant dans la débauche et écrit de longues lettres à Rameau ; ce qui mène Rameau à lui répondre qu'un homme perd toujours avec une femme même quand il gagne ; et à conclure que les choses qu'il ne comprend pas sont celles auxquelles il croit le plus.
Malgré une place relativement modeste parmi les agglomérations françaises - avec ses 215 000 habitants, Dijon se situe au 26e rang démographique -, la capitale de la Bourgogne n'en est pas moins la principale concentration urbaine entre Paris et Lyon, les deux plus grandes métropoles du pays. Mais est-elle réellement susceptible de constituer un pôle capable d'animer une grande région et de faire contrepoids, dans une certaine mesure, à l'attraction de ces deux métropoles ?
Si les structures économiques de l'agglomération révèlent un certain nombre de faiblesses (absence d'un véritable tissu industriel, sous-qualification de la main-d'oeuvre, insuffisance de la recherche), les atouts ne manquent toutefois pas : avantages du cadre géographique, riche héritage historique et culturel, situation au coeur d'un carrefour ferroviaire et routier, volonté des élus locaux de faire reposer le développement de l'agglomération sur ses propres capacités de création. La réalisation de parcs technologiques (l'un à Dijon-Mirande, l'autre à Pouilly), le renforcement du rôle commercial et le développement du tourisme sont les principaux axes autour desquels s'organise l'action économique de l'agglomération et qui devraient lui assurer sa croissance.
Jean-Michel CADET, professeur d'Histoire-Géographie à l'Institution Saint-Joseph à Besançon, prépare une thèse à l'Université de Bourgogne, à Dijon, sur « Réalités urbaines et politiques municipales : les modèles bisontin et dijonnais ".
Robert CHAPUIS, professeur de géographie à l'Université de Bourgogne, a fait une thèse sur les « Ruraux du Doubs » (1981), a publié « Les ruraux français » (1986) et a collaboré à plusieurs manuels de géographie de l'enseignement secondaire et à des ouvrages sur la Bourgogne. Jean-Bernard CHARRIER, professeur de géographie à l'Université de Bourgogne, a fait une thèse sur le Nivernais (1981), actualisée et résumée en 1988 (« La Nièvre »). Il travaille sur les rapports villes-campagnes et a publié « Citadins et ruraux » (1970) et « Villes et campagnes » (1988).
Agnès CHAMEROY, technicien de recherche à la section de géographie, assure le suivi informatique des séminaires et des recherches du Laboratoire de géographie humaine de l'Université de Bourgogne.